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COMMERCE Des protéines rebelles

Décourageant. Avec un taux de protéines moyen de 11 %, le blé tendre enregistre son plus mauvais résultat depuis 2001. Les niveaux les plus bas sont atteints dans les régions situées au nord de la Loire. Vivescia par exemple obtient 10,7 % et perd 0,5 point de protéines en huit ans, sans augmentation de rendement. En affichant 13,2 %, le blé dur n'est pas épargné par cette érosion continue.

Malgré la mobilisation générée par le Plan protéines, l'aval va devoir s'accommoder d'une teneur moyenne en protéines de 11 %, encore en retrait.

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Le millésime 2015 en blé tendre a presque tout pour plaire : des volumes conséquents et une qualité excellente. Sauf le taux de protéines, qui pêche une fois de plus. L'absorption d'azote lors du remplissage a été pénalisée par la sécheresse, analyse Arvalis, alors que le surplus de rayonnement a conduit la biomasse à se développer, ce qui a généré de la dilution. Mais moins forte que ce que prédit la relation « 10 q en plus égale 0,9 % de protéines en moins » (Arvalis). De fait, « la quantité de protéines exportée à l'hectare se redresse », note Vincent Magdelaine, de Coop de France.

Le pilotage de l'azote progresse

Quoi qu'il en soit, cette érosion continue intrigue. La directive nitrates, de laquelle on ne peut s'affranchir qu'en recourant aux outils de pilotage, est pointée du doigt. « De 15 % l'an dernier, on est passé à 20 % des surfaces de blé (1 Mha) bénéficiant d'un pilotage en cours de culture, se félicite Jean-Paul Bordes, d'Arvalis. C'est un très bon signe. » « Un an après, une mobilisation réussie », soulignaient Intercéréales et FranceAgriMer le 1er juillet, lors de la mise en oeuvre de la seconde phase du plan. Même si elle tarde à se traduire en résultats... Au conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, personne d'ailleurs ne s'en est vraiment ému. Et son président Rémi Haquin, tempère : « 49 % de la collecte est supérieure à 11 %, et répond aux cahiers des charges de l'exportation. Et une grande partie située entre 10,5 et 11 % devrait satisfaire la meunerie française. » Une posture pas vraiment de nature à encourager les agriculteurs à ne pas faiblir, en laissant à penser que les opérateurs s'en accommodent.

Des opérateurs pas satisfaits

A l'export, « on ne peut pas s'en satisfaire, selon Jean-Philippe Everling, chez Granit négoce. D'autant que l'Allemagne et la Baltique, traditionnellement mieux loties, connaissent aussi des difficultés et viennent donc nous concurrencer sur nos marchés habituels. Si la France n'a jusque-là pas perdu de marché à cause de la protéine, elle ne peut pas en gagner ». Alors qu'elle en aurait bien besoin. Dans la meunerie, où le critère en tant que tel est moins crucial, on est aussi déçu. « Et il est un peu tôt pour dire que la qualité des protéines est bonne, rectifie Pierre-André Masteau, de l'ANMF. Oui, on sait gérer du blé entre 10,5 et 11 %, mais avec un surcoût logistique et industriel. » « Le levier contractuel est-il vraiment en place ? », s'interroge-t-il finalement. Selon une étude d'ADquation réalisée en juin, 86 % des céréaliers indiquaient pourtant que leur OS prenait en compte le taux de protéines dans son barème de paiement.

Renaud Fourreaux

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